Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Actualités

Retour

25 octobre 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Forte mobilisation contre la fusion de Gaspé et de Bonaventure

GASPÉ

Audience

©Jean-Philippe Thibault - Chaleurs Nouvelles

Deux douzaines d'intervenants ont pris la parole devant près de 85 personnes hier soir à Gaspé.

Le front commun déjà bien enraciné contre la fusion des circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure s’est transporté hier soir vers une salle de l’Hôtel Baker où se tenait l’audience publique des commissaires responsables du redécoupage de la carte électorale.

Sans surprise, les deux douzaines d’intervenants à avoir pris la parole ont unanimement décrié la proposition de fusion. Pendant près de trois heures, les arguments ont fusé afin de faire changer de fusil d’épaule le directeur général des élections, Jean-François Blanchette, présent pour l’occasion.

Élus, ex-élus, maires, préfets, chambres de commerce, conseillers municipaux, citoyens, membres de la société civile, organismes communautaires et encore bien d’autres ont pris la parole devant près de 85 personnes regroupées pour se faire entendre auprès de la Commission de la représentation électorale.

La porte-parole, Julie St-Arnaud Drolet, explique l’objectif de l’exercice et les considérations prises pour justifier cette proposition de délimitation de la carte électorale. « Les commissaires veulent entendre le point de vue de la population aux changements proposés, raffiner leurs connaissances des réalités régionales et mieux comprendre les liens qui unissent les communautés. »

Celle-ci précise aussi pourquoi la Commission considère la Gaspésie comme étant surreprésentée politiquement. « À Gaspé présentement avec 30 000 électeurs, c’est plus que 16 circonscriptions au Québec qui en ont plus de 60 000. Un électeur à Gaspé, son vote a deux fois plus de poids que celui d’autres circonscriptions. C’est ce qu’on tente de corriger », ajoute-t-elle en précisant que la loi prévoit également de rassembler des communautés qui ont des intérêts communs.

Statut d’exception

 

Plusieurs intervenants pendant la soirée ont cogné sur le clou de l’étendue du territoire et sur celui de la représentativité effective. L’ex-député de Gaspé, Gaétan Lelièvre, était du nombre. « Un chiffre, c’est bête, c’est méchant. Je comprends que vous avez des contraintes; une loi à respecter. Mais vous avez aussi un pouvoir d’y déroger en cas d’exception, ce qui a été exercé à deux reprises par vos prédécesseurs. Au nom du respect de votre institution, vous devriez considérer les éléments qui étaient valides lors des deux dernières commissions. »

À toutes les deux élections générales, la Loi électorale stipule que la carte doit être revue pour mieux refléter les mouvements de population. Le présent exercice tend à diviser le Québec en 125 circonscriptions d'environ 51 000 électeurs qui ont, autant que possible, des caractéristiques communes.

Des circonscriptions telles que Abitibi-Est et Abitibi-Ouest ont cependant conservé leur statut d’exception, sans changement à leurs limites, contrairement à Gaspé et à Bonaventure.

« Ces raisons évoquées peuvent toutes trouver racine ici en Gaspésie. Nous méritons le même statut », lance Samuel Parisé, préfet du Rocher-Percé et parlant également au nom du Regroupement des MRC de la Gaspésie. « La carte électorale proposée ne respecte pas l’esprit de la Loi électorale ni l’arrêt Carter selon la lecture que nous en faisons. La proposition a été faite selon des considérations purement quantitatives. »

Audience

©Jean-Philippe Thibault - Chaleurs Nouvelles

Le directeur général des élections, Jean-François Blanchette, et le commissaire Kevin Bouchard en discussion avec le député de Gaspé, Stéphane Sainte-Croix.

La conservation de ce statut d’exception a maintes fois été soulevée. Carol Saucier, représentant de Solidarité Gaspésie, va plus loin et demande que les limites de Gaspé et de Bonaventure soient blindées en étant enchâssées dans la Loi électorale, à l’image des Îles-de-la-Madeleine. « On veut éviter de rejouer dans ce mauvais film dans lequel on joue depuis des années. On est profondément écœurés de ça. »

Guy Bernatchez, préfet de La Haute-Gaspésie, dont la MRC pourrait basculer dans la circonscription de Matane-Matapédia, est outré de la proposition. « Ce soir on a le couteau entre les dents. Ça démontre l’importance de cet enjeu pour la région. Je refuse catégoriquement que la Haute-Gaspésie soit catapultée au Bas-Saint-Laurent. On a développé des relations au fil du temps en Gaspésie. On veut que ça demeure ainsi! »

Gaétan Lelièvre n’a d’ailleurs pas manqué de relever l’utilisation erronée de l’appellation de la région Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine en introduction de la part des commissaires, alors que la Gaspésie s’est détachée de sa voisine en 1987 pour devenir une région distincte. « C’est le genre de méconnaissance de la réalité des régions que nous vivons trop souvent lorsque des décisions cruciales sont prises sur notre dos. C’est décevant de voir ça parce qu’on n’a pas l’impression d’être considérés à notre juste valeur. La proposition, ça va ne faire qu’accentuer l’écart entre la ruralité et l’urbanité. »

À noter par ailleurs qu’une mobilisation non partisane s’est tenue avant l’audience publique, en compagnie notamment du député Stéphane Sainte-Croix et de l’ex-députée Méganne Perry Mélançon. Une pétition « Sauvons la Gaspésie » a aussi été lancée hier, qui avait récolté 625 signatures en une journée. La femme d’affaires et cofondatrice des TDLG, Claudine Roy, est l’une des porteuses de la pétition. « En tant que Gaspésienne de cœur et entrepreneure passionnée, mon engagement pour notre belle Gaspésie ne connaît pas de limite. J’ai consacré ma vie à valoriser notre région […] Plus que jamais, il est crucial de préserver le poids politique de la Gaspésie au sein du gouvernement du Québec, pour garantir que notre voix soit entendue et que notre héritage soit protégé pour les générations futures. »

Une deuxième proposition de carte électorale devrait être déposée au début de l’année 2024. Les limites finales devraient être connues à la fin de la même année pour une mise en application aux élections générales de 2026. Deux audiences publiques sont prévues aujourd’hui à Matane et une autre demain à New Richmond.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média