Le directeur régional de santé publique de la Gaspésie et des Îles, le Dr Yv Bonnier-Viger, indique « qu’un grand nombre » de tests de dépistage ont été effectués jusqu’ici, sans avoir de chiffre précis sur le sujet. Mais au-delà des statistiques, l’important demeure que tous les efforts soient déployés pour éviter la propagation du virus. « Nous sommes un peu privilégiés de vivre dans une région qui pour le moment n’est pas touchée, [mais] on aura éventuellement des cas. L’ensemble du réseau est prêt à recevoir les gens quand ils se présenteront. C’est fondamental de continuer les mesures de prévention qu’on a mises en place, parce que les effets de ces mesures seront révélés dans plusieurs jours encore. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de cas actuellement qu’on peut crier victoire. On est au début d’un processus et il faut rappeler à la population que tout petit geste qu’on fait compte pour ralentir la progression. Il faut maintenir cette ligne de conduite pendant plusieurs jours encore », plaide le Dr Bonnier-Viger.

Suffisamment de ressources matérielles

 

Hier, le président de l’Association des anesthésiologistes du Québec se disait inquiet du nombre de respirateurs disponibles lorsqu’arrivera l’apogée de la pandémie (on en compte environ 3 000 présentement au Québec). Il s’interrogeait aussi sur le nombre de lits qui seront libres au cœur de la crise.

Le CISSS de la Gaspésie a voulu se faire rassurant à ce sujet, indiquant qu’en date de mardi, lors d’une mise à jour des ressources matérielles, on comptait 42 respirateurs au total à Sainte-Anne-des-Monts (10), Maria (11), Gaspé (10) et Chandler (11). « Nous avons un parc de respirateurs assez bien monté en Gaspésie, mais nous avons quand même fait des commandes supplémentaires pour répondre aux hospitalisations. Le ministère de la Santé est très proactif par rapport aux équipements. Pour l’instant, rien n’est négligé pour que nous ayons les équipements nécessaires », assure la présidente-directrice générale, Chantal Duguay.

Même son de cloche pour le nombre de lits disponibles. Actuellement, on en compte un total de 16 en soins intensifs à Maria (5), Chandler (4), Gaspé (4) et Sainte-Anne-des-Monts (3). Mais le nombre pour traiter les patients potentiellement affectés par la Covid-19 sera plus élevé avec ceux de courte durée. On pourra ainsi ajouter 64 lits supplémentaires à ceux déjà disponibles, tant à Maria (25), Gaspé (16), Chandler (13) et Sainte-Anne-des-Monts (10).

Quant aux échantillons prélevés en Gaspésie qui devaient initialement se rendre à Montréal pour être analysés, le premier ministre François Legault a annoncé lundi l’implantation de 7 nouveaux centres d’analyse afin de réduire les délais liés au dépistage de la Covid-19, dont un à Québec. En coulisses, des ouï-dire indiquent qu’un centre pourrait être ouvert à Rimouski ultérieurement, mais le tout reste à confirmer.

Dans tous les cas, il faut compter un délai de 4 jours une fois que les échantillons sont arrivés en laboratoire avant d’en connaître les résultats, et pratiquement une journée de plus pour ceux de la Gaspésie qui doivent prendre la route vers les centres urbains. « Mais la situation va aller en s’améliorant », confirme le Dr Bonnier-Viger, en faisant référence aux nouveaux centres d’analyse.

D’ailleurs, dès vendredi, toutes les cliniques de dépistage en Gaspésie devraient fonctionner de manière uniforme en proposant d’effectuer les tests à l’extérieur des hôpitaux, ce qui n’est actuellement pas le cas à Maria et Saint-Anne-des-Monts.

Mesures à l’interne

 

Au sein même des établissements du CISSS de la Gaspésie, plusieurs mesures ont déjà été mises en place afin de limiter autant que possible la propagation du virus, en plus de celles interdisant les visites à peu près partout dans les établissements de santé. Des barrières physiques ont été installées dans certains lieux et des employés ont été postés à l’entrée des centres hospitaliers, des CHSLD et des CLSC avec urgence pour limiter le nombre de personnes qui circulent à l’intérieur des murs. Une équipe spéciale dédiée à la désinfection des aires communes a aussi été créée.

Depuis le 17 mars, toutes les chirurgies non urgentes et sans danger pour le patient ont été annulées dans l’ensemble du réseau. Le niveau d’intervention des premiers répondants a aussi été modifié. Par ailleurs, dès aujourd’hui [mercredi 18 mars] et jusqu’au 30 avril, les rendez-vous pour le dépistage du cancer du sein ont été annulés, tout comme l’envoi des lettres d’invitation, de rappel ou de relance. Des retraités et des étudiants ont aussi été appelés en renfort pour constituer un répertoire de ressources humaines au besoin. Déjà 12 infirmières retraitées avaient répondu à l’appel au moment d’écrire ces lignes alors que 16 autres personnes avaient manifesté de l’intérêt. « On constate vraiment une belle solidarité. Même des professeurs qui sont en arrêt de travail dans les écoles nous ont appelé pour prêter main-forte. Je suis convaincu qu’on va passer au travers. L’ensemble des Gaspésiens et Gaspésiennes suivent de façon très importante et intense les orientations du premier ministre et du réseau de la santé. Nous avons mis en place en priorité des mesures qui ne sont font pas partout ailleurs, avec des équipes formées d’infirmières gestionnaires chevronnées en prévention des infections, supportées par des médecins de chaque réseau local. On est vraiment en contrôle de la situation actuellement », conclut Chantal Duguay.