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22 octobre 2018

Il y a 100 ans cet automne la grippe espagnole frappait la région

Grippe espagnole il y a 100 ans.

©Photo : Bulletin de la Société historique Machault

La terrible grippe espagnole frappait la région il y a 100 ans cet automne.

Un texte de Michel Goudreau

La grippe espagnole (ou influenza), qui sévit partout dans le monde, n'a naturellement pas épargné la région. Cette grippe, qui avait la particularité d'attaquer plus sévèrement les adultes de 20 à 40 ans, fit des ravages dans les villes et les villages mais aussi dans les camps forestiers et les maisons de pension, dont celle de la compagnie Champoux, à Ristigouche.

 

Au début d'octobre 1918, on dénombre 200 personnes touchées par cette maladie souvent mortelle. Les maisons ayant abrité des malades sont placardées, les rassemblements à l'école, à l'église ou même au théâtre, sont interdits.

Le journal The Graphic du 17 octobre 1918 rapporte 200 à 400 cas de grippe espagnole dans la région; l'hôpital Hôtel-Dieu est plein; le docteur Michaud de Bathurst est décédé. La semaine suivante, le même journal fait état de 9 morts à Campbellton, 2 à la Mission de Ristigouche.

Les gens atteints développent une pneumonie qui leur est souvent fatale. Derrière le village de Sainte-Irène dans la Vallée de la Matapédia, 9 des 10 hommes d’un camp de bûcherons meurent de la grippe espagnole. Comment la grippe a-t-elle pu atteindre les coins les plus reculés de la région? On peut concevoir que le passage de soldats et de voyageurs provenant d’Europe ou des États-Unis sur le chemin de fer qui traversait la région pourrait avoir contribué à cette propagation.

Symptômes et effets de la grippe…

Le tout commençait par un nez qui coule et une légère toux. Puis la fièvre s’abattait. Chaque muscle, chaque jointure faisaient mal. Le nez se mettait à saigner. Les dents tombaient tout comme les cheveux. La puanteur était indescriptible. Le tout était souvent accompagné de vomissements et diarrhées. L’anxiété extrême des victimes en amenait certains à s’enlever la vie. La respiration devenait difficile. Des plaques d’un rouge foncé apparaissaient sur les joues. Les plaques au visage devenaient de plus en plus foncées et les poumons se remplissaient de liquide. Lorsque les doigts et les orteils tournaient la couleur de l’encre, la partie était jouée. Les gens atteints cherchaient désespérément leur prochain souffle pour finalement se noyer dans leurs propres fluides corporels. Voilà à quoi ressemblait la mort par la grippe espagnole.

On estime à 50,000 le nombre de décès dus à cette épidémie au Canada, soit presqu’autant que le nombre de Canadiens morts durant toute la guerre mondiale qui était sur le point de se terminer.

À Matapédia, la grippe apparait dans la paroisse le 13 octobre 1918. Le curé met en garde ses paroissiens dans son prône : « À la messe du dimanche, ne viendront que les hommes et les femmes âgés d’au moins 35 ans. Tous les autres resteront à la maison et prieront. Défense absolue de cracher sur le plancher, sur le perron de l’église, etc. Évitez tout rassemblement inutile, quelque part que ce soit : en général, mieux vaut rester chacun chez soi… » (Matapédia Raconte nous… 1903-2003, p 570 – Autres sources : Michel Goudreau, Pointe-à-la-Croix, Terre d’accueil, 2005, p. 171; Canadian Geographic, sept-oct. 2018, p. 53-58)

Heureusement, des mesures de prévention mises en place font qu'au début de novembre 1918, la population reçoit deux bonnes nouvelles : (1) la propagation de la grippe espagnole est sous contrôle dans la région de Campbellton et des environs, et (2) un armistice — signée le 11 novembre 1918 — met fin à la première guerre mondiale. Toutefois, une autre épreuve attendait la population du Ristigouche: l'hôpital Hôtel-Dieu a été détruit par le feu le 18 novembre 1918, au moment fort de la grippe espagnole, sans toutefois qu'il y eut de victimes de l’incendie. Le propriétaire de l'Hôtel Intercolonial, situé près de la gare, mit son hôtel à la disposition des religieuses hospitalières qui s'en servirent comme hôpital jusqu'à l'été de 1920.

Cette pandémie a éveillé la population de la région à l’importance de se doter de soins de santé adéquats. Moins de deux ans plus tard, en 1920, la population de la région inaugurait la construction de deux nouveaux hôpitaux à Campbellton : un nouvel hôpital Hôtel-Dieu mais aussi un deuxième hôpital nommé Soldier’s Memorial Hospital en mémoire des soldats de la région morts au combat lors de la première guerre mondiale. Ces deux hôpitaux ont fermé leurs portes en 1991 pour faire place au nouvel hôpital régional Restigouche.

©Photo : Société historique Machault.

Plusieurs malades étaient hospitalisés à l'hôpital de Campbellton.

Tout ferme à Campbellton selon cet article du journal Campbellton Graphic du 10 octobre 1918.

©Photo Société historique Machault.

L’hôpital Hôtel-Dieu de Campbellton avant et sa destruction le 18 novembre 1918.

Les journaux invitaient les gens à aider les malades en contribuant à la construction d’un nouvel hôpital.

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